Après énormément de réflexion, de changements d'avis, de journées au moral en dents de scie, nous avons finalement pris la décision de mettre fin au voyage et de rentrer en France. La décision a été très dure et pour ceux que ça intéresse, voici la base de la réflexion (c'est bien la seule fois où il y aura un pavé de lecture sur ce site).


1- Le confinement s'éternise un peu et les allègements sont vraiment à la marge et pas dans les zones où on se trouve, qui sont parmi les plus touchées... et rien ne nous dit qu'on sera capables d'aller dans les zones où le confinement est très allégé, ni quand, si un jour c'est même possible.

2- On s'est pris un petit coup de pression de l'ambassade qui est en train de mettre en place un vol le 3 mai en précisant bien que ce sera le dernier parce que normalement celui là n'était déjà pas prévu (et que le précédent est parti avec 180 places vides, ce qu'ils n'ont pas trop apprécié et on peut le comprendre). Et en plus ils mettent en place un bus de Bariloche à BA , alors que tous les autres transports sont interdits jusqu'à nouvel ordre (donc si on ne prenait pas ce bus, on n'aurait peut être plus eu de chance d'aller a BA pour un changement d'avis ultérieur).

2 bis - Ce vol est à destination de Paris, à tarif régulé, ce qui est une opportunité certainement unique. Les prochains vols vers l'Europe (sous réserve qu'il y en ait et que nous puissions y avoir des places, ce qui n'est déjà pas gagné) seront à destination de Munich, Zurich, Londres, Madrid (voire bien plus loin) et ce sera donc bien plus galère d'ensuite continuer vers la France, surtout en cette période. Les tarifs étant en plus parfois particulièrement ''vilain'' (on a vu passer des billets non négociés compagnie-gouvernement à 2500 €, le nôtre étant à 700 euros . Et dans l'urgence on pourrait être amenés à être obligés à prendre un vol de ce type).

3- Le gouvernement argentin a annoncé l'interdiction de tous les vols commerciaux intérieurs et extérieurs jusqu'au 1er Septembre. Donc ça ne veut pas forcément dire qu'il n'y aura plus de vol humanitaire ni de rapatriement, mais plus le temps passe et moins il y en aura (car les étrangers partent mais aucun n'arrive donc un moment il n'y aura plus personne à rappatrier, même si manifestement pour le moment il y a encore un gros paquet d'européens ici) et pas de vol commerciaux avant Septembre, donc pour une rentrée le 31 août, faut oser...

4-On se dit que comme ça commence à déconfiner tout doux en France, on pourra peut être profiter de l'été si les activités du genre rando/vélo au milieu de nulle part sont autorisées, ce qui est plus que raisonnable à espérer.

5- Même si les Argentins sont hyper sympas et ont un système de santé plutôt bien pour l'Amérique du Sud, on se dit qu'il ne vaut mieux pas tomber malade ici, et que s'il y a une seconde vague, on sait pas comment ça peut tourner. 

6- Ça restera une façon inconfortable de voyager si on reste ici parce qu'on sera toujours en train de se demander si on sera bien reçu dans les villes et villages, hôtels parce qu'on est étrangers et qu'on sera en train de se promener innocemment alors que les gens galèrent pour retrouver une économie et de l'argent, voire à manger (même si jusqu'à la l'écrasante majorité des Argentins étaient hyper sympa.) Il faut quand même garder à l'esprit que l'Argentine est en crise économique depuis des décennies et que cette crise ne va pas arranger la situation. Et c'est assez difficile de savoir comment va tourner un pays qui essuie un crise économique doublée d'une crise sanitaire.


Voilà les raisons qui nous ont décidés à prendre le prochain vol. Comme on dit souvent ici «y'a pas de bonnes ou de mauvaises décisions, y'a celle qu'on choisie. Faut juste pas regretter après»


D'un côté on espère qu'ici la situation va se régler petit à petit, et que tous les gens qu'on connait qui sont restés pourront continuer leur voyage le plus vite possible, en toute sécurité, et qu'ils en profitent pour nous. De l'autre, il faut se l'avouer, on va indubitablement avoir un gros pincement au cœur si dans 3 semaines on se rend compte que les cyclovoyageurs d'Argentine peuvent se balader partout les doigts dans le nez, et qu'on aurait finalement pu rouler encore 2 mois ici.



Merci à toutes et a tous d'avoir suivi notre petite aventure.

Merci aux pangolins.

Merci au Covid-19 (sans toi, l'aventure aurait été tout autre). On n'a pas roulé autant qu'on le souhaitait mais on a malgré tôt vécu des moments forts (avant, pendant et après la quarantaine) et on a fait des rencontres aussi inattendues que mémorables.